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vendredi 28 novembre 2014

Aimez-vous les surprises ? Etes-vous curieux ?

Un petit lien, pour un grand pas  ;-)





Novembre le taciturne

Comme chargé de mission, tous les matins,  Félix attend
Sous les tilleuls dénudés, délavés  par la pluie et le vent.
Patient, l’œil aiguisé,  il observe les ouvriers du gîte
Qui oeuvrent assidument  entre deux averses et font vite.
Que novembre est maussade avec toute cette eau,
Le ciel fâché répand depuis des jours,  des seaux et des seaux
Sur notre vallée où, sauvage,  la Vésubie, grossie,  à gros bouillons
Emporte,  comme des  noyés, des bois flottés et des  gros troncs.
Les murs de pierres sèches de nos villages séculiers, soudain se fâchent,
Demandent grâce, n’en peuvent plus, le ventre gonflés, ils  se lâchent.
C’est le mois où les cimetières prennent enfin les couleurs du temps,
Fleurs du souvenir, regrets et  larmes transparentes des absents.
On se souvient de ceux qui trop fatigués, usés, nous ont quitté,
De ceux, qui,  dans la fleur de jeunesse, si brutalement  emportés.
Sous la lumière filtrant  des nuages plombés, les couleurs chaudes
De l’automne imprègnent nos forêts, où l’humus odorant,  dès l’aube
Exhale le parfum des feuilles mortes en tapis où l’eau s’infiltre cristalline.
Tableau renouvelé sans cesse où le brun se marie, se mêle et s’acoquine
Au jaune et rouge des cerisiers sauvages et  des érables tremblants.
Pourquoi cette mélancolie soudaine qui me prend ?
Elle ne devrait pas pourtant car c’est ce mois,  en ses derniers jours
Qui m’a  offert une joie à nulle autre pareille en cette année 1974,
L’arrivée d’un enfant charmant….  il y  a de cela 40 ans.
Veille, Félix, vigie silencieuse du temps qui passe, sous les tilleuls de Venanson.


Colette Martin

vendredi 21 novembre 2014

Restaurant l'Alpage au Boréon


Changement de propriétaire au restaurant l'Alpage au Boréon - Saint Martin Vésubie.

Delphine, le nouveau 'chef' vous y attend pour une cuisine du terroir.
Produit locaux et savoir-faire au cœur de nos montagnes.


Arrivées et départs de nombreuses randonnées, pour prendre ou y reprendre des forces devant un bon feu de cheminée et de bons petits plats d'ici.

Pour connaître le plat du jour, rendez-vous sur la page du restaurant.

vendredi 14 novembre 2014

LE SOLDAT INCONNU (M-F Mellone)

LE SOLDAT INCONNU


Qui est celui qui dort sous le sol de Paris,
Que l’on couvre de fleurs au quatorze juillet,
Celui qui résista quand d’autres s’enfuyaient,
Celui qui pour la France a fait don de sa vie ?

Qui donc est l’inconnu de cette Grande Guerre,
Qui laissa dans les cœurs des morsures amères,
Qui faucha tant de fils, de maris et de pères
Dont le sang répandu a meurtri cette terre ?

Sur quels champs de bataille a-t-il connu l’enfer
Des obus meurtriers qui semaient la douleur ?
Où sont les compagnons qui partageaient sa peur,
Tapis dans la tranchée ou à la mort offerts ?

Etait-il général ou bien simple soldat,
Enfant de métropole ou de ses colonies,
Otages de l’empire et de ses avanies,
De ceux que l’on commande et ne se soucie pas ?

Je l’ai voulu héros, c’était peut-être un lâche,
Paradant à l’arrière, un planqué, comme on dit.
Cela reste un secret, la mort un interdit,
Son tombeau est sacré, qu’il demeure sans tache.

Marie-France Mellone

mardi 4 novembre 2014

De quatorze à quatorze

De quatorze à quatorze 

Sur le chemin des Dames, ils n’en ont pas croisées,
Partis fleur au fusil vers la victoire, ce fut la mitraille, les gaz et les barbelés,
Les obus, les éclairs dans la nuit et l’odeur âcre de la boue gorgée et puante,
La peur au ventre et le froid saisissant, chair à canon innocente et tremblante.
 
Et sur la cheminée, dans son cadre en laiton, la photo sépia, presque effacée,
 
De mon grand-père, moustache en croc de poilu, un peu guindé.Dans les forêts sombres des Ardennes et leurs pièges mortels, pleins de rancœur,

La « Der des Der », abandonnés des grands, enfants de la débâcle, du déshonneur,
L’exode en guenilles sur les routes de France, la famine, le sang et les larmes,
La honte dans les yeux mais l’espoir aux entrailles, clandestins et frères d’armes.
Et sur la cheminée, cette photo jaunie de mon père et son chien,
 
Si fier, à côté de grand-père, pourtant si près, pourtant si loin.Puis le djébel aride aux rocailles brûlantes, sous un soleil de plomb qui vous dessèche l’âme,

Un conflit dont ils ignoraient presque tout, dans l’air vibrant, suffocant, chargé de drame,
Près des fermes hostiles aux volets barricadés, purs juvéniles, vingt ans dans ces Aurès,
Jeunesse sacrifiée souriant quand même, portant dans ses yeux un monceau de promesses.
Et sur la cheminée, la photo noir et blanc, craquelée des larmes de ma mère, A côté de mon père, faisant face à grand-père, le regard lumineux de mes deux frères.

Colette Martin