C'est à la suite de longues tractations qu’était réalisée, le 2 mai 1568, la délimitation de la forêt du Tuor, commune de Belvédère, sur la rive gauche du vallon du Graus. Peu éloignée du village, cette forêt servait également de terrain de parcours aux différents troupeaux, comme en témoignent encore d’anciennes vacheries. La facilité de l’exploitation des bois par flottage dans le vallon en faisait la richesse potentielle. La délimitation, obtenue par la commune, lui permettait de préserver ses droits exclusifs face aux prétentions de sa voisine bollénoise. Anciennes terres seigneuriales entre les mains des maisons féodales aux XIe-XIIe siècle. puis du Comte de Provence au siècle suivant, ces forêts et alpages d’altitude ont longtemps été, dès leur appropriation, sources de conflits inépuisables entre les Communautés villageoises. L’abornement réalisé conjointement mettait (temporairement) fin à ces tensions. Mais il s’agissait aussi d’imposer des règlements d’usages face à l’importante pression des villageois prompts à s’approprier ces ressources. La mise en défense des espaces forestiers après une coupe devait favoriser la repousse des plantes, éviter les sur-pâturages stérilisants et d’éviter les empiétements des habitants qui se procuraient les sous-produits des forêts, pour les litières (les fougères…) comme pour le chauffage (ébranchements…).
Éric GILI